La fabrique du héros Des archétypes mythiques aux types d’aujourd’hui

De George Lucas (Star Wars) à J. K. Rowling (Harry Potter), les créateurs de sagas héroïques modernes connaissent parfaitement les mécanismes narratifs issus des modèles de la mythologie antique : leur succès planétaire a élevé leurs propres héros au rang de mythes. Ce qui nous invite à une sorte de retour aux sources de l’imaginaire occidental avec ses structures et ses modèles récurrents.
De manière générale, en effet, la façon de concevoir le héros sous-tend un mode de pensée fondamental, une vision du monde et de l’homme, sensible dans la fiction, d’abord littéraire (épopée, théâtre, roman) puis cinématographique. Sans oublier l’univers de la bande dessinée, qui procède du texte et de l’image, ni celui des jeux vidéo, qui crée de nouveaux codes de "lecture" des mythes.
C’est précisément sur la notion de “modèles, modes et figures” qu’il est intéressant de proposer des pistes de réflexion à de jeunes lecteurs / spectateurs passionnés par toutes les aventures héroïques. Invités à repérer et à étudier les “invariants” dans les structures d’une fiction, autrement dit de manière imagée les “ingrédients d’une bonne recette”, ils seront à même de comprendre comment fonctionne la fabrique du héros, et - pourquoi pas ? - de concevoir eux-mêmes un mode d’emploi héroïque à partir des archétypes et types fondateurs.
Ce sont ces ingrédients qui sont ici rapidement passés en revue, tout en gardant à la notion de héros une acception essentiellement mythologique.

I. Définitions et principes

1. La nature du héros : mythe et épopée

Dès l'Antiquité, le terme de “héros” désigne deux catégories de personnages différents selon qu’ils apparaissent dans les récits épiques ou mythologiques :
- Chez Homère, l’illustre “père de l'épopée” (vers 800 av. J.-C.), le héros est un chef militaire, roi ou prince, qui se distingue par sa noblesse naturelle, son courage et sa force ; ainsi dans l'Iliade, l'épopée de la guerre de Troie, le Grec Achille et le Troyen Hector sont des héros dont l’aède célèbre précisément les exploits au combat, autrement dit "la geste", du latin gesta, “faits accomplis”, d’où l’expression “chanson de geste” comme synonyme d’épopée du XIe au XIVe siècle. C'est à partir de cette désignation que se construira le sens moderne du mot héros, personnage de fiction littéraire (le héros de roman) ou acteur réel d'un événement (le héros de la fête) qui se distingue du commun par ses traits de caractère et/ou ses actes.
- Chez Hésiode, le “père de la mythologie” (vers 750 av. J.-C.), le héros est proprement un “demi-dieu” par sa filiation extraordinaire : enfant né de l'union d'une divinité avec un être humain, il participe ainsi des deux univers par sa nature même, le divin et l'humain. Selon Les Travaux et les Jours, c'est “Zeus, fils de Cronos, [qui] créa la race divine des héros, plus juste et plus brave, que l'on nomme demi-dieux et dont la génération nous a précédés sur la terre sans limites.” (vers 158 - 160)
Une origine que reprend Socrate en l'éclairant d'une précision étymologique “cratylienne” (on désigne ainsi une étymologie fantaisiste fondée sur le simple rapprochement homophonique des termes, tel que le propose précisément ce dialogue de Platon intitulé Cratyle) : « Leur nom légèrement altéré indique que les héros (ἥρωες) sont nés de l'amour (ἔρως). Ils sont tous nés des amours d'un dieu pour une mortelle, ou d'un mortel pour une déesse. Considère ce qu'était aussi ce nom et tu t'en rendras mieux compte : tu verras qu'il est modelé sur le nom de l'amour auquel les héros doivent leur naissance. » (Cratyle, 398 d).
Mais, loin de s'exclure, les conceptions homérique et hésiodique se recoupent le plus souvent, du fait même que l'épopée et la mythologie entretiennent des rapports littéraires consubstantiels : ainsi, par exemple, Achille, héros épique par excellence, est aussi un héros mythologique, dans la mesure où il est fils de la déesse Thétis et du mortel Pélée ; Énée, le grand héros de l'épopée romaine de Virgile, est fils de la déesse Vénus et du mortel Anchise ; quant au plus célèbre héros de la mythologie, Héraclès / Hercule, il s'illustre par des exploits qui n'ont rien à envier aux combats homériques.

2. Le temps des héros : entre mythe et histoire

Rappelons d’abord la fonction exemplaire du mythe telle qu’elle est définie par Mircéa Éliade : le mythe énonce un événement qui a eu lieu in illo tempore - « dans ce temps-là » (far, far away...), très éloigné du présent et donc magnifié par la mémoire - ; quelle que soit sa nature, il est toujours un précédent et un exemple. « Dans la perspective de l’esprit moderne, le mythe (et avec lui, toutes les autres expériences religieuses) abolit l’"histoire". Mais il faut noter que la majorité des mythes, par le seul fait qu’ils énoncent ce qui s’est passé "in illo tempore", constituent eux-mêmes une histoire exemplaire du groupe humain qui les a conservés et du Cosmos de ce groupe humain. » (Mircéa Éliade, Traité d’histoire des religions, 1953).

Dans le temps propre au mythe, le temps des héros, selon Hésiode, marque une sorte de solution provisoire de continuité dans la succession des races que met en scène le mythe de l'Âge d'or (Les Travaux et les Jours, vers 106 sq.) : après l'or (règne de Cronos) et l'argent (règne de Zeus), entre l'âge de bronze et l'âge de fer (celui des hommes, simples mortels), cette “quatrième race”, intermédiaire par essence entre les dieux et les hommes, assure le passage entre “la fluidité des origines” (l'expression est de Mircéa Éliade) et la fixité du monde dans lequel nous vivons, entre le temps mythique et le temps historique. “Soudain, quand la race de bronze, race de guerriers aux bras puissants, fut recouverte par la terre et que seul resta le silence, parce qu'ils s'étaient exterminés entre eux sans que le nom ni la gloire d'aucun ne perdure, soudain, Zeus fut pris par ce caprice de briser, pour un certain temps, la chaîne des races, et il fit en sorte que les dieux, suivant en cela son exemple, se mêlent aux filles des hommes. Ce fut une attraction brève et dangereuse, d'où naquit l'histoire. Ce fut l'époque des héros.” (Roberto Calasso, Les Noces de Cadmos et Harmonie, Gallimard, 1991, p. 364).
Par leur nature et par leurs actes, les héros témoignent donc de la mise en place d'un ordre nouveau qui achève l'organisation du cosmos, au sens étymologique du terme désignant “l’univers organisé” : “Alors que structures et normes ne sont pas encore suffisamment établies pour fixer la mesure, ils participent à l'élaboration des institutions, lois, techniques, arts, et fondent ainsi l'univers humain où transgressions et excès seront désormais interdits. Dès lors le "temps" du mythe, au caractère merveilleux, inachevé et contradictoire, est définitivement clos et fait place au temps de l'histoire.” (Dictionnaire culturel de la mythologie gréco-romaine, sous la direction de René Martin, article “Héros”, Nathan, 1992).

II. Mythèmes et séquences

Quelques éléments récurrents, constitutifs du mythe, selon la notion de "mythèmes" créée par Claude Lévi-Strauss (« La structure des mythes », Anthropologie structurale, Plon, 1958).

1. Une origine divine

Avant d'être célébré comme “fils d'un dieu”, le héros n'a pas de père reconnu : c'est le cas, par exemple, de Persée, né de Danaé enfermée dans une tour par son père le roi d’Argos Acrisios, mais fécondée par Zeus qui a pris la forme d'une pluie d'or. Ou bien il est considéré comme le fils de l'époux humain de sa mère : c'est le cas d'Hercule, conçu par Zeus, mais “fils” d'Amphitryon, mari d'Alcmène. D'où sa position de “Bâtard divin”, pour reprendre l'expression de Marthe Robert (Roman des origines et origines du roman, TEL Gallimard-Grasset, 1972, p. 93). Selon les légendes, on peut même constater la coexistence des deux filiations, humaine et divine : ainsi Thésée passe tantôt pour le véritable fils d'Égée, tantôt pour celui de Poséidon, tous deux s'étant unis à Aethra la même nuit.

2. Une naissance menaçante et menacée

La venue au monde du héros est précédée de circonstances très défavorables : soit la soif du pouvoir (Pélias usurpe le trône d'Aeson, père de Jason ; Amulius chasse son frère Numitor qui sera le grand-père de Romulus et Rémus), soit la peur de le perdre (Acrisios craint d'être détrôné), renforcées par l'annonce d'un danger fatal pour la famille (le plus souvent la mort du père/roi, comme celle de Laïos, père d'Œdipe et roi de Thèbes), révélé sous la forme d'un funeste présage (oracle, rêve, comme celui d'Hécube, enceinte de Pâris, qui se voit accoucher d’une torche qui incendie Troie), ont pour conséquence de condamner l'enfant à disparaître à peine né. La plupart du temps, il est abandonné, “exposé” dans un environnement hostile (Œdipe, Persée).

3. L'exposition, l'animal nourricier, l'adoption

À l'instigation de la personne qui se sent menacée par cette naissance (père ou autre membre de la famille), le nouveau-né doit être supprimé par un serviteur qui - remords ou lâcheté ? - préfère l'exposer dans un lieu désert (forêt, montagne) ; parfois, il est abandonné par sa mère elle-même. Souvent, il est déposé dans un substitut de berceau (panier, coffre) au fil de l'eau (fleuve, mer). Mais le hasard (destin ?) veille à ce qu'il soit sauvé : momentanément nourri par un animal sauvage (une louve pour Romulus et Rémus, une ourse pour Pâris), il est recueilli par une famille adoptive (en général de basse condition, comme des bergers) qui l'élève comme son propre fils.
Notons au passage que la séquence narrative de l’exposition du héros nourri par un animal offre de multiples rapprochements : de Romulus à Mowgli (Le Livre de la jungle de Rudyard Kipling), baptisé “Grenouille” (mowgli) par la horde de loups qui l’a recueilli parce qu’il n’a pas de poils (à comparer avec la manière dont Moïse reçoit son nom de “Sauvé des eaux”), ou de l’ourse de Pâris aux singes de Tarzan, on ne manque pas d’occasions pour renouer les fils du mythe.

4. La reconnaissance et l'accomplissement du destin

Devenu grand, le héros finit par retrouver ses origines et sa famille naturelle, le plus souvent grâce à un objet ou à un signe de reconnaissance (l'épée de Thésée, la sandale de Jason). Il finira par réaliser précisément l'acte redouté avant sa naissance et / ou par tirer vengeance de l'instigateur de son abandon. Mais avant de regagner la place qui lui est due, il se voit imposer des épreuves réputées insurmontables dans le dessein plus ou moins avoué de se débarrasser de lui (Polydecte espère que Persée disparaîtra en cherchant Méduse ; même volonté chez Eurysthée qui ordonne ses travaux à Hercule, chez Pélias qui envoie Jason à la conquête de la Toison d'or). Il punira les usurpateurs après avoir trouvé la gloire dans la réalisation d'exploits surhumains : la “geste” du héros constitue l'ensemble de ses aventures et confirme son statut héroïque.
Pour se documenter, un ouvrage incontournable : Le mythe de la naissance du héros d'Otto Rank (1913, édition française, Payot, 1983), disciple de Sigmund Freud.

III. La fonction héroïque

1. Une mission programmée

Produit d'une union mêlant le divin et l'humain, véritable trait d’union entre les deux mondes, le héros est proprement ambivalent : sa double nature lui donne un “potentiel” hors du commun, extra-ordinaire. Mais elle lui assigne aussi un rôle privilégié : celui de “sauveur” (sôter en grec) de l'humanité, pour lequel il a été en quelque sorte programmé dès sa conception. Selon l'expression de Marthe Robert, “le Bâtard divin de la mythologie grecque est destiné dès le berceau à une fonction sotériologique qui en fait l'égal d'un dieu” (o. c.).

2. De l’initiation à l’épreuve

Avant de vaincre tous les dangers, le héros suit les leçons d’un maître qui lui apprend à se discipliner : Achille et Jason sont éduqués par le Centaure Jason. Une fois formé, il accomplit un véritable parcours initiatique, dans lequel chaque aventure peut se lire comme un rite d'initiation tel qu'il s'en pratique encore dans les sociétés dites “primitives” pour marquer le passage de l'adolescence à l'âge adulte (le rite du feu ou de l'eau, par exemple) : ainsi, pour Thésée, la pénétration dans le labyrinthe et la lutte avec le Minotaure sont une étape indispensable sur le chemin de son accession à la royauté.
C'est donc grâce à l'épreuve que le héros gagne ses “galons” car il se définit autant par son combat (agôn en grec) que par sa nature : pour lui, qui est toujours le premier (protos) à affronter l’obstacle - ce qui fait précisément de lui le “protagoniste” de l’histoire -, il n’y a pas de mission impossible.
Acteur privilégié de la mise en ordre du cosmos, il incarne des valeurs de résistance au désordre et au chaos primitif, symboliquement représentées par les monstres qu’il est chargé d’éliminer. Son engagement peut aller jusqu’au sacrifice : sa mort lui ouvre alors la voie glorieuse de l’apothéose (il est littéralement emporté pour gagner le rang des dieux).
Qu'il soit pourfendeur de monstres, conquérant, guérisseur, législateur, navigateur, le héros est toujours un modèle porteur de civilisation pour l’ensemble de l’humanité.

3. Fonctions et statuts

Selon ces principes, une typologie du héros se dessine permettant un regroupement par catégories de fonctions, sans que celles-ci s'excluent (la plupart des grands héros représentant plusieurs types à la fois).

a. Le héros régulateur
C'est avant tout un “redresseur de torts” qui élimine monstres et brigands sans relâche ; l'archétype le plus illustre est, bien entendu, Hercule, dont les travaux ne sont qu'une énumération de prouesses destinées à remettre de l'ordre dans la nature comme dans les royaumes ; c'est aussi ce que s'attache à faire Thésée, l'émule direct d'Hercule, anéantissant les fauteurs de trouble rencontrés sur son chemin, tel le brigand Procuste.

b. Le héros initiateur
C'est celui qui apporte aux hommes le produit de son intelligence créatrice (la métis en grec) et de son habileté manuelle : ainsi Dédale, le constructeur du labyrinthe, passe pour avoir inventé l'art de sculpter les statues ainsi que les divers outils nécessaires au charpentier comme à l'architecte, tels le fil à plomb et la colle ; ainsi Argo, le constructeur du navire des Argonautes qui porte son nom, est considéré comme l’initiateur de la navigation.
Dans une certaine mesure, c’est aussi le héros dont les aventures marquent le commencement, la cause (aitia en grec) initiale d'un phénomène naturel qui touche la vie des hommes : ainsi le mythe étiologique de Perséphone enlevée par Hadès, le dieu de Enfers, rend compte de l'alternance des saisons.

c. Le héros fondateur
C'est le héros qui décide la création d'une cité à laquelle il donne sa forme et ses lois, mais aussi souvent son nom (il en est le héros éponyme, devenu l'ancêtre d'une colonie de   peuplement) : Cadmos, frère d’Europe, est le fondateur mythique de la ville de Thèbes, dont la forteresse, la Cadmée, porte le nom ; Romulus est le fondateur légendaire de Rome.

d. Le héros explorateur
C'est avant tout un navigateur (la mer est l'univers de prédilection des Grecs) qui part à l'aventure sur son bateau pour découvrir des horizons lointains et nouveaux, à la recherche d'un trésor ou simplement du chemin de retour vers la patrie : Ulysse est l'archétype de ces découvreurs intrépides, mais bien d'autres héros vivent des périples aussi mouvementés (Jason vers la Colchide, Hercule qui sillonne la Méditerranée jusqu'aux fameuses Colonnes qui portent son nom, Énée en quête d'une nouvelle patrie). Tous ces récits conservent sans doute la trace d'explorations maritimes réelles, au cours desquelles les hommes ont dû affronter bon nombre de dangers, devenus symboliquement des monstres redoutables (Charybde et Scylla, par exemple).

IV. Retour aux sources

Une fois observés ces principes et modes de fonctionnement héroïques, on peut en retrouver aisément “les recettes” dans les productions d’aujourd’hui.

1. D’Hercule à Superman

On sait comment le phénomène américain des « comics » a apporté un regain de gloire à la figure héroïque en créant une nouvelle mythologie décalquée de l’ancienne.
Nés dans le monde de la bande dessinée à partir de la fin de années 1930, les Superman, Batman, Spiderman et autres X-men ont envahi les écrans de cinéma et s’exportent massivement dans les séries télévisées comme dans les jeux vidéo et les produits dérivés, gagnant ainsi une popularité planétaire. L’influence des mangas et des séries d’animation japonais ont renouvelé leur champ d’action.
Tel un nouvel Hercule, Superman est le premier d’entre eux par l’ancienneté et la célébrité (il est créé dès 1933 par Jerry Siegel et Joe Shuster, passionnés de science-fiction) : généreux, altruiste, muni de pouvoirs extraordinaires, il mène une double vie et défend toujours le bien.
La recette ? Toujours la même… Schématisons : Superman est né sur la planète Krypton (d’où une essence merveilleuse équivalant à une origine divine) ; il échappe à l’anéantissement des siens en étant emporté vers la terre par un mini vaisseau spatial (substitut évident du coffre-berceau) ; il est recueilli par des parents adoptifs et devient Clark Kent (comme Pâris est nommé Alexandre par les bergers qui l’ont trouvé sur le mont Ida). Il se découvre une force surhumaine et s’investit dans une mission de sauveur de l’humanité. Sans entrer dans les détails, on le voit, les mythèmes fonctionnent à merveille.
Quant aux héroïnes, elles ne sont pas en reste : Wonder Woman, apparue en 1941, commence sa carrière en tant que princesse Diana, fille de la reine des Amazones (en fait, on apprendra qu’elle a été créée avec de l’argile à laquelle les dieux ont donné la vie... Pandore n’est pas loin !).

2. Super héros / super pouvoirs

Une force hors du commun, proprement extraordinaire : c’est bien là la première caractéristique du héros capable de résister à tout.
Sa naissance et l’origine de son pouvoir se doit de rester mystérieuse : ainsi le célèbre héros de la saga Starwars, Anakin Skywalker, n’a pas de père humain - « Je l’ai porté, je lui ai donné le jour, je l’ai élevé. Je ne peux rien vous dire de plus », témoigne sa mère -, tout comme le héros mythologique (Persée) et christique (Jésus). Cependant, un test sanguin confirme qu’il possède un taux de “midichloriens” (sic) anormalement élevé : de quoi le faire reconnaître dès l’âge de neuf ans comme un détenteur de la fameuse “Force” par la confrérie des Jedis.
Ainsi encore le non moins célèbre Harry Potter détient des pouvoirs aussi extraordinaires que mystérieux. Orphelin, il vit chez son oncle et sa tante (les parents adoptifs du mythe) et ne découvrira qu’à onze ans la vérité sur sa naissance et son identité.
Quant aux super-héros issus des comics américains (les séries Marvel, entre autres), ils ont envahi nos écrans, avec des spécialisations selon le goût du jour : Hulk, l'homme mutant, apparu en 1962 ; Iron Man, l'ingénieur (1963), par exemple.

Pour conclure, revenons aux origines : “le mythe est une parole” (Roland Barthes, Mythologies, Seuil, 1957). De fait, selon les étymologies grecques et latines divers termes renvoient à la même notion de “discours” et à l’acte de “parole” : mythe (muthos), épopée (épos), légende (legein et legere, soit « parler » et « lire », en grec puis en latin), ou encore fable (fabula de fari, « parler »).
Pour qu’il y ait héroïsation - autrement dit pour fabriquer du héros -, il faut donc qu’il y ait proprement du « fabuleux ». Ce qui suppose la triple dimension :
- du mythe : une fiction qui met en scène le merveilleux (l’essence, la naissance, etc.).
- de l’épopée : une geste à dérouler (des exploits en actes et en paroles).
- de la légende : une façon de raconter “ce qui doit être dit” (au sens étymologique du latin legenda). Soit la nécessité d’une médiatisation : pour que le héros existe, il faut qu’il soit connu et reconnu.

Aujourd’hui le poète et l’aède ont dû laisser la place à de nouveaux médias. Le cinéma, la télévision, le numérique ont pris le relais de leur parole. Sans doute seraient-ils amusés d’y retrouver leurs bonnes vieilles recettes pour fabriquer du rêve.

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