Classes Mare nostrum : Pistes de croisements entre enseignements
- Cycle 4 :
- LCA : vie familiale, sociale et intellectuelle
- LVER, Rencontres avec d’autres cultures - Repères historiques et géographiques. Les personnages historiques féminins emblématiques
- Lycée :
- LCA : masculin / féminin
- EMC : égalité entre hommes et femmes
Qui est le premier auteur dont le nom nous est connu dans l’Histoire ?
Bien avant Homère ou Hésiode, Enheduanna vécut en Mésopotamie vers 2300 avant J.-C. Fille du roi Sargon d’Akkad, fondateur de l’Empire akkadien, elle fut une femme influente, grande prêtresse de la ville d’Ur (aujourd’hui Tell al-Muqayyar en Irak). Elle est aussi pour nous la première auteure et poétesse de l’Histoire – hommes et femmes confondus – dont le nom nous a été transmis. Ses poèmes (trois hymnes à la terrible déesse Inanna, déesse de l’amour, du ciel et de la guerre, écrits alors qu’Enheduanna était en exil, et une suite de quarante-deux hymnes religieux dédiés aux dieux des grandes cités sumériennes) ont servi de référence et ont été recopiés dans les écoles de scribes pendant plusieurs siècles après sa mort. Une centaine de tablettes d’argile en écriture cunéiforme ont ainsi pu être retrouvées.
Jusqu’au 19 février 2023, la célèbre bibliothèque de recherche new-yorkaise, la Morgan Library and Museum, consacre une exposition à cette auteure et à travers elle, aux femmes de la civilisation mésopotamienne : « She Who Wrote : Enheduanna and Women of Mesopotamia, ca. 3400-2000 B.C. » (« Celle qui écrivait : Enheduanna et les femmes de Mésopotamie, v. 3400-2000 avant J.-C. »).
La visite du site en ligne permet d’accéder gratuitement et facilement à une sélection d’œuvres accompagnées chacune de leur notice, et d’écouter l’audioguide de l’exposition. Le spectateur découvre ainsi des sceaux cylindriques sculptés de l’époque sumérienne (vers 3300 avant J.-C.), des statues, l’incroyable parure funéraire tout en or, lapis-lazuli et agathe de la reine Puabi (2500 avant J.-C.) et le fameux disque d’albâtre d’Enheduanna, sur lequel le nom et le portrait de la poétesse ont été gravés. C’est grâce à cette découverte que l’archéologue Sir Leonard Woolley fit en 1927 sortir le nom d’Enheduanna de l’oubli.
À la fin de l’exposition, deux tablettes d’argile écrites en cunéiforme comportent des textes de l’Exaltation d’Innana, poème principal de l’œuvre d’Enheduanna : le lecteur moderne est surpris par la force de cette poésie incantatoire, l’expression de sentiments personnels et par l’actualité des sujets évoqués, comme les violences sexuelles. Selon Sidney Babcock, conservateur de la Morgan Library, il s’agit du premier texte autobiographique.
À découvrir également sur le site de la Morgan Library and Museum :
Cette bibliothèque de recherche new-yorkaise, fondée en 1928 par Jack Pierpont Morgan Jr. (1867-1913), fils du célèbre financier et collectionneur d'art américain John Pierpont (J.P.) Morgan (1837-1913) possède une extraordinaire collection de sceaux antiques, mais aussi de manuscrits, partitions et dessins originaux (parmi lesquels les manuscrits originaux d’Eugénie Grandet de Balzac et du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry).
Une deuxième exposition virtuelle sur le site de la bibliothèque permet de découvrir quelques rares objets en pierre gravés d’inscriptions cunéiformes : « Written in Stone: Historic Inscriptions from the Ancient Near East, ca. 2500 B.C.–550 B.C » (« Gravés sur la pierre : inscriptions historiques du Proche-Orient antique, de 2500 avant J.-C. à 550 après J.-C.). C’est vers 3500 avant J.-C. que le système d’écriture cunéiforme fut mis au point à Sumer en Mésopotamie, dans la région du « croissant fertile ». Pendant près de 3000 ans, les tablettes d’argile servirent de support de communication et de diffusion des textes de loi, de science, de littérature. Quoique pratique d’utilisation, ce matériau ne permettait pas de laisser une trace durable et pérenne dans l’Histoire. Écrire sur la pierre était cependant un art beaucoup plus complexe, et la pierre elle-même était un matériau coûteux car il fallait l’importer. L’exposition virtuelle propose donc d’observer quelques-uns de ces précieux objets : inscriptions royales sur des tablettes, amulettes dédiées aux dieux... Il est possible de faire tourner les objets pour les observer sous toutes leurs coutures !