Bibliographie
- Ovide, Les Métamorphoses traduit du latin par Marie Cosnay Éditions de l’Ogre, 2017
- ECOLΩ Écologie et environnement en Grèce et à Rome Textes réunis et présentés par Patrick Voisin Éditions Les Belles Lettres collection Signets 2014
- Virgile, Le souci de la terre Nouvelle traduction des Géorgiques par Frédéric Boyer Éditions Gallimard 2019
Présentation du projet
Ce projet répond aux principes qui guident l’enseignement des LCA énoncés dans le préambule des nouveaux programmes de 2019.
Il s’agit en effet en conjuguant des approches littéraires, linguistiques et culturelles de placer cet enseignement au carrefour des sciences humaines et sociales : or, l’étude du mythe d’Erysichthon, rapporté dans le livre VIII des Métamorphoses d’Ovide, fait écho aux questions légitimes qu’un élève d’aujourd’hui peut se poser sur lui-même, sur la société, sur la politique, sur les choix de civilisation, sur le monde et les grands enjeux contemporains.
La séquence pédagogique proposée s’appuie sur les nouveaux programmes de la classe de terminale, pour l’enseignement optionnel du latin auxquels l’actualité de la crise sanitaire a donné une résonance particulière.
Le questionnement liminaire qui nourrit les objets d’étude concerne en effet le rapport de l’homme au monde et en particulier la façon dont il agit sur la nature.
L’objet d’étude Comprendre le monde invite à s’interroger sur la valeur épistémologique du mythe, à travers les lectures poétiques et philosophiques que nous pouvons en faire.
L’objet Inventer, créer, fabriquer, produire incite à s’interroger sur les techniques qui permettent à l’homme d’agir sur la nature et de la transformer, notamment à travers l’agriculture.
Objectifs
- Mettre en résonance monde antique et monde moderne.
- Nourrir la conscience humaniste des élèves / Inviter à une réflexion sur les défis de l’humanisme aujourd’hui.
- Lire un texte long en version bilingue.
- Engager l’approche de mots concepts impliquant une connaissance lexicale et culturelle (anthrôpos /homo, phusis/natura).
- Appréhender la continuité linguistique / identifier les phénomènes de dérivation/ néologie à partir du lexique grec et romain.
- Opérer une comparaison de traductions qui éclaire le texte original.
- Mémoriser des structures syntaxiques/ évaluer la puissance expressive de la langue par l’apprentissage par cœur de quelques vers latins.
- Développer des compétences orales à travers la pratique de l’argumentation.
- Encourager le croisement des disciplines en opérant une ouverture vers le programme de philosophie (tronc commun) et de l’enseignement de spécialité Humanité, Littérature et philosophie.
Première séance
Remarque : une séance peut correspondre à plusieurs heures de cours.
Objectifs
- Découverte du texte d’Ovide Métamorphoses VIII 739-878.
- Impressions de lecture : premiers éléments de commentaire.
- Mise en avant des isotopies avec relevés lexicaux.
- Commentaire d’un épisode du récit.
Sur la Bibliotheca Classica Selecta version bilingue : trad. et notes de A.-M. Boxus et J. Poucet BCS Bruxelles 2007
Livre VIII, v. 738-779
" L'épouse d'Autolycus, fille d'Érysichthon, jouit du même privilège.
Son père était un être qui méprisait la puissance divine,
et ne brûlait sur les autels nulle offrande odorante.
On dit même qu'il avait profané un bois consacré à Cérès
et outragé ses antiques forêts à coups de hache et de cognée.
En ces lieux se dressait un chêne immense, au tronc séculaire,
constituant une forêt à lui seul, tout entouré de bandelettes,
d'ex-voto et de guirlandes, preuves qu'un voeu s'était réalisé.
Souvent sous son ombre, les Dryades menèrent des choeurs de fête,
souvent aussi, se tenant par la main, en rang, elles prirent,
en l'entourant, la mesure du chêne qui mesurait quinze brasses.
Au pied de cette forêt qu'il était à lui seul, les autres arbres
n'étaient pas plus hauts que l'herbe poussant à ses pieds.
Toutefois, le fils de Triopas ne lui évita pas le fer pour autant.
Il ordonna à ses serviteurs d'abattre le chêne sacré.
Les voyant hésiter à exécuter son ordre, le scélérat
saisit la cognée d'un des hommes et prononça ces paroles :
“ Cet arbre peut être cher à la déesse, il peut même être
la déesse en personne, bientôt sa cime feuillue touchera la terre. ”
Sur ce, tandis qu'il balançait sa hache pour porter des coups de côté,
le chêne sacré de Déo trembla tout entier et poussa un gémissement ;
en même temps ses feuilles et ses glands se mirent à pâlir
et ses longues branches commencèrent à perdre leur couleur.
Lorsque la main impie eut porté un coup sur le tronc du chêne,
du sang s'écoula de l'écorce blessée : ainsi, d'habitude
quand s'écroule un puissant taureau, victime offerte
devant les autels, le sang coule à flots de sa nuque brisée.
Tous ceux qui étaient présents restèrent stupéfaits ;
l'un d'eux ose empêcher le sacrilège et retenir la hache cruelle.
Le voyant, le Thessalien dit : “ Reçois la récompense
de ta piété ! ” et, détournant l'arme de l'arbre contre cet homme,
il lui tranche la tête ; puis revenant au chêne, il l'abat,
quand du milieu du tronc on entend un son disant :
“ Je suis sous ce bois une nymphe très chère à Cérès ;
en mourant, j'annonce qu'un châtiment te menace
pour tes actes. Cela me console de ma mort. ”
L' impie achève son forfait et, sous des coups innombrables,
l'arbre ébranlé et tiré par des câbles finit par s'écrouler,
couchant sous son poids une grande partie de forêt.
Atterrées par le dommage qu'elles et la forêt ont subi, les Dryades,
ses soeurs, en vêtements noirs, se rendent toutes chez Cérès ;
en pleurs, elles la prient d'infliger un châtiment à Érysichthon. "
Après avoir lu aux élèves l’histoire d’Erysichthon, on vérifie la compréhension littérale du mythe en établissant avec eux les différentes étapes du récit.
Les élèves commencent par réagir à cette histoire : quels aspects les frappent ? Il est probable que les élèves soient sensibles à la violence qui caractérise ce mythe, de la sauvagerie de l’agression commise par Erysichthon contre l’arbre de Cérès à celle de son châtiment, l’autophagie.
L’impiété du personnage, sa voracité seront sans doute également soulignées tout comme la description particulièrement saisissante de la Faim, ici personnifiée.
R. Le tableau donné aux vers 801-808 sera l’occasion de voir avec les élèves la figure de l’hypotypose (cf. Gradus « L’hypotypose peint les choses d’une manière si vive et si énergique, qu’elle les met en quelque sorte sous les yeux, et fait d’un récit ou d’une description, une image, un tableau ou même une scène vivante »)
Ces premières impressions de lecture peuvent donner lieu à deux types d’activités en lien avec les isotopies dégagées :
- Par binôme les élèves relèvent, selon les groupes, le vocabulaire de la violence/ du crime/ de la faim. La correction du relevé sera l’occasion de repérer diverses continuités ou ruptures linguistiques avec le français.
- On procède à un focus sur le passage où Erysichthon connaît les premiers signes d’une faim bientôt inextinguible (v. 823-846) : les répétitions expressives (cf polyptotes des v. 825, 832, 841-842), les hyperboles qui traduisent l’avidité féroce du personnage sont commentées pour établir la force de son obsession, également rendue par la dimension épique du passage : Erysichthon devient un homme monstre, un homme monde, la faim qui le dévore se hausse au rang de faim universelle comme le soulignent les comparaisons avec l’univers tout entier.
Prolongement possible :
Dans une perspective d’intertextualité et de confrontation avec le patrimoine littéraire français, ce passage du poème d’Ovide pourra être rapproché de la description du repas d’anniversaire de Gervaise que donne Zola au milieu de son roman L’Assommoir (Chapitre VII de « Par exemple, il y eut là un fameux coup de fourchette » jusqu’à « Un vrai ruisseau, lorsqu’il a plu et que la terre a soif » repères 275-276.
Par-delà les différences de genre littéraire et de registre de langue, les élèves seront amenés à relever les points communs qui peuvent être établis entre ces deux descriptions de la faim (voracité des personnages/ agrandissement épique).
Deuxième séance
Objectifs
- Langue : points de syntaxe.
- Commentaire de traduction.
Selon les points déjà abordés en classe, la lecture bilingue du texte d’Ovide peut être l’occasion d’aborder/ de revoir un ou plusieurs faits linguistiques tels que les relatives au subjonctif (v. 739-740), la proposition infinitive (v. 741-742 / v. 752), la double négation (v. 782-783) ou bien le gérondif (v. 828, 842, 878). Une fois le fait relevé et expliqué, on proposera aux élèves quelques exercices de réinvestissement.
Plusieurs passages peuvent être éclairés par des commentaires de traductions. On pourra les sélectionner en fonction des impressions de lecture des élèves formulées lors de la première séance.
À titre d’exemples, seront proposés ici :
- L’épisode de la chute de l’arbre de Cérès v. 757-760.
- Les derniers vers du récit avec l’autophagie d’Erysichthon v. 875-878.
La comparaison des traductions de G.T. Villenave (Paris 1806 ), d’A.-M. Boxus et J. Poucet (Bruxelles/ Louvain, 2007) accessibles en ligne sur la Bibliotheca Classica Selecta avec celle de Marie Cosnay (Éditions de l’Ogre, 2017) sera fructueuse :
Sont reproduits ici les deux extraits de la traduction de Marie Cosnay :
« Il dit. Son arme balance des coups de côté,
il commence à trembler, à gémir, le chêne de Déo,
en même temps ses feuilles, en même temps ses glands commencent à
pâlir et pâlissent les longues branches. » v. 757-760« La force du mal, après qu’elle a consumé toute
matière, donne une nouvelle patûre à la lourde maladie.
Érysichthon met en pièces ses propres membres, par morsure,
déchirement : le pauvre nourrit son corps en le diminuant. » v. 875-87Les élèves observeront et commenteront les choix des traducteurs pour rendre le double mouvement de la syntaxe et du vers latins (cf. rejets). On pourra évoquer l’hexamètre dactylique et observer comment les traducteurs pallient sa disparition en français. On pourra demander aux élèves quelle traduction ils jugent la plus fidèle/ la plus belle etc … et on discutera avec eux du concept problématique de fidélité au texte.
Pour finir, les élèves pourront apprendre par cœur les quatre vers qui auront été ainsi commentés. Outre la valeur mnémotechnique de l’exercice pour retenir la syntaxe et le lexique latins, la puissance évocatrice de la poésie ovidienne sera valorisée par cette mise en voix. La récitation peut donner lieu à une évaluation.
Troisième séance
Objectifs
- Réflexion sur la notion de mythe en général.
- Propositions d’interprétation du mythe singulier d’Erysichthon avec mise en résonance des valeurs antiques et contemporaines autour des rapports entre l’homme et la nature.
- Lecture d’un article de sciences humaines et discussion de la thèse de l’auteur.
- Identification du phénomène de néologie lexicale à partir des racines grecques et latines.
L’histoire d’Erysichthon, par la lecture plurielle qu’elle autorise, permet d’une part d’appréhender avec les élèves la notion de mythe et d’autre part d’effectuer une confrontation féconde entre le monde antique et le monde contemporain autour du rapport de l’homme à la nature.
Il sera opportun de rappeler quelles sont les différentes acceptions du mot mythe et d' insister sur sa plasticité, sur sa capacité à susciter de nouvelles interprétations selon les interrogations et valeurs de chaque époque.
On pourra demander ensuite aux élèves de s’interroger sur le sens de ce récit en partant d’une lecture littérale du mythe qui avait déjà été esquissée lors de la première séance :
Pourquoi Erysichthon est-il châtié ? De quoi est-il coupable ?
Éléments de réponse :
En listant la série des crimes et des violences commis par le personnage (contre les dieux, contre la nature, contre son serviteur, contre sa fille et finalement contre lui-même), on abordera la notion d’hubris et de transgression (cf. v 766 nefas). Erysichthon est en effet d’emblée présenté comme un être impie qui a défié la déesse Cérès en agressant son arbre (v. 739-742). La scène est ensuite décrite de façon presque théâtrale : sous les yeux épouvantés de ses serviteurs, le criminel abat l’arbre après avoir prononcé des paroles sacrilèges (v.755-56) ; par une funeste inversion des valeurs (cf v. 761-764 : crime impie vs sacrifice), il redouble ensuite son crime en châtiant la piété de celui qui tentait de s’opposer à lui. Une telle violation des principes qui régissent les liens entre les mortels et les dieux, entre l’homme et le divin ne peut qu’entraîner une terrible némésis (le mot latin poena est répété à de multiples reprises) et le texte précise que nulle pitié ne pourra être éprouvée à l’égard d’Erysichthon, son châtiment fût-il absolument terrible (v. 782-84).
On pourra expliquer aux élèves que dans la source grecque d’Ovide, le poème de Callimaque (Hymne VI - à Déméter - 24-117), il est précisé qu’Erysichthon compte utiliser les arbres de Déméter « pour couvrir la salle où continuellement il rassasiera ses amis de festins délicieux ».
Qu’apporte ou au contraire, qu’enlève à la version d’Ovide l’omission de cette causalité ?
Dans la version grecque, la réponse de Déméter à Erysichthon « Oui, oui, bâtis ta salle, oui, chien, ta salle de festins ; tu festoieras désormais et souvent » met clairement et immédiatement en relation le mobile trivial du crime et son châtiment. Dans le récit d’Ovide, le crime du personnage semble comme gratuit, un acte de pure sauvagerie et une violente revendication d’impiété. La faim du personnage prend alors une valeur davantage métaphorique.
Le mythe d’Erysichthon met en jeu donc les notions de piété ou plutôt d’impiété, de violence, de cruauté, d’avidité. Toutefois, remarquons que c’est à travers la nature que le héros thessalien s’attaque aux dieux. Arrêtons-nous sur l’étymologie du nom du protagoniste, nom grec, comme celui de la majorité des personnages des Métamorphoses : Ovide joue avec l’onomastique et le lecteur latin antique, qui connaissait le grec, entendait le crime du personnage dans son nom même : Erysichthon signifie en effet « qui fend la terre ».
C’est donc aussi des rapports entre l’homme et la nature que parle le mythe, de la violence que le premier fait subir à la seconde.
Erysichthon serait-il un mythe écologique ? On évoquera alors avec les élèves la conception de la nature selon les Anciens en la distinguant des approches contemporaines. On le voit avec ce mythe, la violence contre la nature est ici un problème religieux et moral et non pas environnemental, écologique au sens moderne du terme. C’est la profanation qui est d’abord condamnée avant l’avidité. Certes, dans l’Antiquité, les bois, les forêts étaient souvent sacrés et le polythéisme païen était fécond en créatures allégoriques qui traduisent un enchantement de la nature et un peut-être un avertissement contre le danger qu’il y aurait à vouloir la malmener. Toutefois, on ne peut à proprement parler de souci écologique sans risquer l’anachronisme. Pour les Anciens, Erysichthon ne met pas la planète en danger même s’il provoque une famine terrible pour lui et pour les autres. Néanmoins, avec ce mythe, les Anciens posent la question de la façon dont l’homme habite le monde, de la manière dont il sait ou non user raisonnablement des bienfaits que la nature lui octroie : en tuant l’arbre sacré de Cérès, l’homme provoque sa propre faim/fin. Le crime se retourne de façon symbolique contre le criminel qui a violé l’ordre qui régit la nature : celui qui a mutilé la terre finit par se mutiler lui-même.
Aujourd’hui, alors que les rapports entre la nature et l’homme sont devenus critiques, que l’harmonie entre l’homme et son environnement s’est profondément altérée, et que l’inquiétude pour la survie de la planète grandit, le mythe d’Erysichthon prend une acuité nouvelle et le lecteur contemporain peut identifier dans cette histoire (une sauvage agression de l’homme contre l’arbre de Cérès, la déesse de la fertilité de la terre et de l’agriculture) une allégorie de ce qu’on appelle désormais un écocide.
Les élèves pourront alors effectuer une recherche sur ce néologisme ainsi que sur le mot, lui aussi relativement récent, d’écologie en rappelant leur étymologie.
Seront regroupées ainsi les différentes définitions du mot écologie (manière d’habiter la terre- la maison commune/ fait de respecter la nature / science des relations qu’entretiennent les êtres vivants entre eux et avec leur milieu)
On évoquera la création du mot écocide (acte criminel consistant à détruire délibérément un écosystème / criminalité environnementale) et les tentatives d’inscrire ce crime dans le droit pénal et international.
Les élèves pourront lire, tout en étant accompagnés, dans leur lecture, un entretien paru dans Le Monde du 22-05-2020, rubrique « Idées » avec l’anthropologue Philippe Descola, titulaire jusqu’en 2019 de la chaire d’anthropologie de la nature au Collège de France (article disponible sur l’ENT via Europresse)
Deux activités peuvent être menées à partir de ce document :
- Cet article, riche en termes scientifiques, sera le support d’une recherche lexicale qui permettra d’appréhender des mots et concepts essentiels dans la culture antique et d’identifier les phénomènes de dérivation/ néologie à partir du lexique grec et romain.
On demandera aux élèves d’effectuer par binôme une recherche lexicale autour des mots :
- anthropologue, anthropocène, anthropocentrique, anthropisé
- pandémie, épidémie
- pathogène
- zoonose
- autochtone
- microbiote
- cosmopolitisme
Lors de la correction, on recherchera les équivalents latins des différents étymons identifiés.
Les élèves s'efforceront de reformuler les idées principales exprimées par l’anthropologue et de discuter ses thèses et propositions (cf. « Nous sommes devenus des virus pour la planète » / « attribution de la personnalité juridique à des milieux de vie »).
Pour finir, on reviendra au récit ovidien et les élèves pourront alors proposer une relecture contemporaine du mythe :
- Les crimes d’Erysichthon, sa violence contre la nature, son avidité et sa propre dévoration peuvent être interprétés comme une allégorie de la destruction des ressources naturelles de la planète, destruction par laquelle les hommes, dans une course vertigineuse à la production et à la consommation, finissent par menacer la survie de leur propre espèce. Ni la résistance des populations autochtones attachées à leurs traditions, ni le souci des générations futures ne sont un frein à l’avidité mortifère de l’homme moderne qui pense pouvoir dominer la planète.
On pourra discuter avec les élèves de la nature de la crise écologique que notre époque traverse. Finalement, n’a-t-elle pas une dimension morale comme le souligne le mythe dans sa lecture originelle ?
Prolongements possibles
Les différentes recherches effectuées par les élèves donneront lieu à des présentations orales qui peuvent être évaluées
- Sur l’idée de nature dans l’Antiquité
On pourra demander aux élèves d’effectuer des recherches sur la physique antique, au sens étymologique de science de la nature (phusis) : quelle place les philosophes grecs puis latins ont-ils accordée à la nature ? Comment concevaient-ils la place de l’homme dans la nature ? cf. Rapport à la nature des épicuriens et des stoïciens, des sectes orphiques etc …
- Sur l’idée d’agriculture, pour observer un autre rapport de l’homme avec les bienfaits prodigués par Cérès :
- Lecture d’un texte écho du patrimoine antique : extrait des Géorgiques de Virgile, I, 63-96.
Il sera intéressant de commenter avec les élèves le nouveau titre choisi par Frédéric Boyer dans sa toute récente traduction : Le souci de la terre :
« Célébrer moins le travail lui-même que le souci des choses, du temps, des êtres, des territoires. Moins la transformation que l’attention ou le soin à apporter. Cura, en latin. Sollicitude, souci, soin, attention, tourment et amours. S’attacher à la terre, l’antique Gê, la terre mère et nourricière »
Préface Faire Virgile
Pour une ouverture vers la littérature française du XX°, voir la parabole écologique de Jean Giono L’Homme qui plantait des arbres 1953 : le berger provençal apparaît comme une figure en tous points contraire à celle d’Erysichthon : humble, altruiste, semant la vie et donnant la joie aux hommes. Frédéric Back en propose une adaptation en film d'animation.
Pour une ouverture vers d’autres mythologies et traditions (shintoïsme), on peut demander à un élève de présenter le film d’animation de Hayao Miyazaki Princesse Mononoké (1997) dont l’intrigue et les thématiques peuvent aisément être rapprochées du mythe ovidien (destruction des arbres et des dieux, mépris des traditions, héros atteint d’un mal qui le ronge etc …). Voir sur Canopé.
Quatrième séance Bilan
Objectifs
- Évaluation : réinvestissement des notions et compétences vues pendant la séquence.
Pour vérifier l’assimilation de certaines des notions et compétences vues durant la séquence, on organisera une évaluation à partir d’un autre extrait des Métamorphoses d’Ovide relatant la légende de Midas (XI, 85-145).
Les différentes consignes pourront s’articuler autour des points suivants :
- Commentaire : - Points communs/ différences entre ce récit et l’histoire d’Erysichthon.
- Possible interprétation contemporaine du mythe (cf. paradoxes « gaudetque malo » v. 106 / « divesque miserque » v. 127).
- Langue : Morphologie/syntaxe : gérondifs (optandi v. 100/ tangendo v. 107).
- Commentaire de traduction : v. 121-124.
Voici la traduction de Marie Cosnay :
« Il touche de sa main droite les cadeaux
de Cérès, et les dons de Cérès durcissent.
Il s’apprête à déchirer les mets d’une dent avide
et les mets qu’il presse sous sa dent sont des lingots doux. »
La correction de cette évaluation sera l’occasion de revenir avec les élèves sur l’ensemble de la séquence et d’effectuer un bilan sur les points qui ont retenu leur attention.
Pour finir et conclure sur la confrontation féconde entre le monde antique et notre époque et sur l’apport du patrimoine antique dans les Humanités, on pourra s’appuyer sur les propos de Frédéric Boyer à propos du Souci de la terre (Géorgiques) de Virgile :
« Cette œuvre, cette histoire si anciennes n’existent plus à nos yeux que des questions que nous sommes en mesure, depuis notre fugitif présent, de leur poser. Mieux encore, elles n’existent que des questions que nous découvrons en les interrogeant qu’elles nous posent et posent à notre présent, voire à notre avenir. Les textes anciens ont certes toujours quelque chose à nous apprendre, à condition pour cela de les transmettre dans leur littéralité pour les interroger de nouveau, mais plus encore d’une certaine façon les textes anciens ont quelque chose à apprendre de nous. Notre tâche est de leur parler de nous, de les interroger depuis notre condition, notre éloignement, et de bâtir ce lointain-près, dimension sans laquelle nulle civilisation n’aurait de profondeur, et ne saurait se transmettre ni se renouveler. »
Proposition de prolongements - Activités complémentaires selon les profils et les intérêts des élèves
cf. Enseignement de spécialité HLP Classe de terminale (Semestre 2 « L’Humanité en question » / « L’Humain et ses limites »).
cf. Enseignement scientifique Classe de terminale (« Une histoire du vivant »).
► Recherches sur le spécisme / l’antispécisme, l’anthropocène / le phythocène
Pour les élèves intéressés par les récentes découvertes scientifiques sur les arbres et leurs capacités de communication :
► Voir Podcast du magazine de l’environnement De cause à effets diffusé sur France culture le 12 - 03 - 2017 : "Raconte-moi les arbres !"