Bibliographie
- Collectif, Vercingétorix et Alésia, catalogue de l’exposition, Musée d’Archéologie Nationale de Saint-Germain-en-Laye, RMN, 1994
- Yann Le Bohec, Histoire des guerres romaines : milieu du VIIIe avant J.-C. – 410 après J.-C., Taillandier, 2017
- Michel Reddé, Alésia, l’Archéologie face à l’imaginaire, Errance, 2012
Alésia est le lieu de la bataille finale de la Guerre des Gaules : les troupes romaines de Jules César y assiégèrent les Gaulois commandés par Vercingétorix pendant quarante jours, en 52 avant J.-C.
La localisation d’Alésia
On sait, par les Commentaires sur la Guerre des Gaules de Jules César, que le siège eut lieu dans l’oppidum gaulois des Mandubii, peuple allié de Vercingétorix.
L’emplacement de cet oppidum a été situé à Alise-Sainte-Reine, sur le mont Auxois, en Bourgogne (dans le département de la Côte-d’Or). Il occupe le sommet plat d’un mont escarpé, à 402 mètres de hauteur. Les corniches calcaires qui entourent le mont et le murus Gallicus qui en fortifiait l’accès formaient de solides défenses pour les Gaulois.
En 1839, une inscription donnant le nom d’Alésia (Alisiia) sur la dernière ligne fut trouvée sur le mont Auxois. Cet indice fut complété par les découvertes des fouilles ordonnées par Napoléon III dans les années 1860, puis par celles des années 1990 sous la direction de Michel Reddé et Sigmar von Schurnbein. L’abondance des découvertes archéologiques, l’épigraphie, la correspondance toponymique entre Alise-Sainte-Reine et Alésia, ainsi que les vestiges des fortifications romaines encore visibles aujourd’hui par photographie aérienne ne permettent plus de douter de la localisation d’Alésia.
L’importance d’Alésia pour la mémoire nationale
La bataille d’Alésia est un événement décisif dans le déroulement de la guerre qui opposa Rome aux Gaulois. Elle prit une importance nouvelle au XIXe siècle, avec la naissance de la Nation-État. Napoléon III s’y intéresse tout particulièrement : il publie une Histoire de Jules César en 1865-1866, et crée une commission de la topographie des Gaules, en 1861-1862. Il fait rechercher dans les mêmes années d’autres places fortes gauloises, comme les sites de Gergovie et de Bibracte.
Alésia joue un grand rôle dans l’imaginaire collectif, comme l’illustre la construction et l’instrumentalisation du mythe lié au personnage de Vercingétorix. On sait peu de choses de ce jeune chef arverne dont le nom signifie « grand roi des guerriers », en dehors de quelques traits de caractère que Jules César lui attribue dans ses commentaires. Au XIXe siècle, pourtant, il est érigé au rang de héros national incarnant « les racines françaises ». On préfère en effet les Gaulois aux Francs, dont l’image est trop liée aux Germains. Au XXe siècle, le chef arverne est parfois même salué comme le « premier résistant de France ».
Cet intérêt renouvelé pour la guerre des Gaules au XIXe siècle eut aussi pour conséquence la mise en place d’une salle dédiée à Alésia au Musée d’Archéologie Nationale de Saint-Germain-en-Laye. On reconstitua alors sous forme de maquettes les fortifications romaines ainsi que les protagonistes, avec des mannequins de soldats en armes.